La maison et la route,
avec le frère mort de ma mère.
- C'est le séquoia là-bas !
Regarde, là on le voit pas et tac là on le voit !
Paroles extraites du film
Synopsis
Je suis partie avec ma mère en voiture depuis Marseille jusqu'à Droyes, petit village du Nord Est de la France, dans la campagne haute-marnaise, là où se trouve notre ancienne maison de famille. Ma mère conduisait et moi, je filmais. Sans la caméra, je crois que ce voyage eut été impossible. C’est à bord de cette caméra-véhicule, filmant des routes et des maisons que nous avons atteint la zone, la maison de l'incendie où mon oncle est mort asphyxié et la route de l'accident où mon père s'est tué. L'une nous conduisant tragiquement à l'autre.
Je suis partie avec ma mère en voiture depuis Marseille jusqu'à Droyes, petit village du Nord Est de la France, dans la campagne haute-marnaise, là où se trouve notre ancienne maison de famille. Ma mère conduisait et moi, je filmais. Sans la caméra, je crois que ce voyage eu été impossible. C’est à bord de cette caméra-véhicule que nous avons atteint la zone, la maison de l'incendie où mon oncle est mort asphyxié et la route de l'accident où mon père s'est tué. L'une nous conduisant tragiquement à l'autre.
C’est en cherchant à regarder ce qui m’était étranger comme si ça m’était familier et ce qui m'était familier comme si ça m'était étranger que j’ai pu tenir et tenir le cadre. La maison et la route est un road movie, une quête, un voyage initiatique, un embarquement dans le récit d’une histoire de famille ordinaire traversé par la tragédie.
Lorsque nous sommes arrivées dans le village, nous avons repéré la maison avec la cime du grand séquoia toujours là. Nous avons garé la voiture et nous nous sommes approchées de la propriété à travers champs. Alors que nous étions prises dans une terre marécageuse, nous fûmes saisies par l’apparition d’une biche. Cette apparition furtive allait arrêter le temps de notre voyage et nous faire entrer dans une autre temporalité, un temps en épaisseur où se superpose et se confond l’ici et l’hier, le soi et l'autre.
Ma mère est là. Je la filme pour voir et je vois à travers elle. Ce que j'ai perdu, ce que j'ai oublié, ce que je ne sais pas. Mon imaginaire loge des fragments dispersés de cette zone (2), entre la maison et la route là où ondulent des particules de mon enfance. Et ici, tout va alors me sembler si proche et si lointain.
(2) Andrew Tarkovski, Stalker, film, 1979.