Dimanche 22.8
Il pleut.
Des gouttes lourdes et tièdes s’écrasent sur le goudron brûlant.
Une légère odeur âcre s’en dégage.
Une jeune fille accoudée à sa fenêtre guette les éclairs qui déchirent le ciel.
Son cœur sursaute au premier coup de tonnerre, elle aperçoit au loin un jeune homme.
D’un pas pressé, il rejoint sa voiture et démarre sans se retourner.
La jeune fille ferme la fenêtre et s’assoit à la table.
Tout le monde est sorti. Elle vient à peine de se réveiller.
Un mot l’attend sur le tableau noir de la cuisine :
Reviendrai en fin d’après-midi. Bisous. Maman.
Elle gribouille sur une feuille blanche, et esquisse les traits d’un visage masculin.
Elle commence par les yeux, puis les lèvres.
Elle pose son crayon et se lève.
Elle entre dans la cuisine. Son regard effleure le petit mot laissé pour elle.
Le ronron de la machine à laver berce la maisonnée et l’horloge de la cuisine
Trottine tranquillement vers les 15h. Elle sort une casserole pour préparer le thé.
Le tonnerre claque encore dehors, ici elle est en sécurité.
Cela fait peut-être deux ou trois jours qu’elle n’a pas mis le nez dehors.
Les mots non plus ne sortent pas, prisonniers des gorges de sa poitrine essoufflée.
Assise dans la pièce au fond du couloir, sombre et sans fenêtre, elle attend.
Elle verse l’eau frémissante sur le sachet de thé.
Mes pieds sont nus, il fait sombre. C’est son corps.
En haut de l’échelle un homme sort son corps.
Il le tire par les épaules.
Je ne vois que ses bras.
Elle retourne à la table face à la fenêtre.
L’orage est passé.
Le jeune homme revient et gare sa voiture.
L’air est frais, apaisé.
La jeune fille ôte ses vêtements et ouvre la fenêtre.
Le vent se lève et la caresse, tendrement.
Et la jeune fille glisse, comme glissent des feuilles les gouttes lourdes d’une pluie d’été.
Mélodie Drissia Tabita